SPECIAL : FÊTE DES PERES
Fonction psychologique et symbolique du père
La « Fête des Pères » n’est pas qu’un merci affectueux ; c’est l’occasion parfaite de rappeler les devoirs et obligations qui font la « noblesse » – et la fragilité – de la fonction paternelle. Décryptage fondé sur la psychanalyse, la psychologie du développement et la clinique contemporaine.
Séparation–individuation : être le repère qui donne l’élan
La présence paternelle (ou d’un substitut) introduit une distance saine dans la dyade Oedipienne mère-bébé. Le père joue le rôle de « sage femme » qui coupe le cordon ombilical et apprend à l’enfant à tolérer la frustration, à se sentir sujet plutôt qu’appendice. Chez le nourrisson, quelques grammes de tiercéité* valent des kilos de future autonomie.
Autonomie exploratoire : le goût du risque mesuré
Les interactions ludiques et physiques du père – lutte sur le canapé, grimpe dans les arbres, jeux de ballon renforcent la confiance corporelle de l’enfant au travers d’une posture tonique et d’une habileté motrice. De plus, elles favorisent la flexibilité cognitive, une créativité à toutes épreuves face aux obstacles et invitent à une prise de risque mesurée et des tentatives calculées plutôt qu’impulsives. Cette énergie joueuse et complice fabrique ainsi des « aventuriers sécurisés », capables de transformer l’adrénaline en compétences plutôt qu’en mise en danger d’autrui et de soi même.
Régulation émotionnelle : la boussole affective
Un père engagé verbalise ses propres émotions (« Je suis en colère, mais je peux la contenir »), légitime celles de l’enfant puis co-construit des stratégies d’apaisement qui permettent un meilleur contrôle des affects. Les études longitudinales montrent moins d’impulsivité et de troubles du comportement à l’adolescence lorsque la figure paternelle est active et cohérente.
Sexualité et genre : symboliser la différence sans la figer
Le père est d’abord symbole ; il rappelle qu’il existe un dehors, un autre sexe, d’autres rôles . Il sert de modèle opératoire pour tous les enfants, non pour enfermer, mais pour ouvrir :
- Pour les garçons : possibilité de tendresse virile, non violente.
- Pour les filles : référence masculine équilibrée, facilitant le choix (et non la quête compulsive) d’un partenaire.
Le père montre que les vêtements, métiers ou loisirs ne sont pas prédéterminés ; ils se négocient entre désir, corps et culture. L’appropriation des rôles est ainsi facilité et s’opère sans rigidité.
Transmission symbolique : ancrer l’enfant dans la durée
Par son nom, son récit familial, ses valeurs, le père articule l’enfant à une généalogie et à la temporalité : « Tu viens d’avant moi, tu iras après moi. » Ce pont temporel installe sens, résilience et gratitude. Lacan parle du Nom-du-Père : un signifiant qui soutient la Loi et la subjectivation c’est-à-dire la constitution du sujet en tant qu’être parlant et désirant. Le père régule l’accès au langage et l’entrée dans le registre symbolique en instaurant une médiation entre l’enfant et le monde extérieur loin des jupons de la mère.
Quand la fonction paternelle vacille
En cas de défaillance paternelle en trop ou pas assez, les conséquences peuvent être profondes et affecter durablement l’enfant.
D’un côté, l’excès d’incarnation, où le père devient tyrannique ou fusionnel, engendre une soumission excessive, une inhibition marquée et parfois une violence intériorisée. L’enfant peine à exprimer ses besoins et peut développer une dépendance affective ou, à l’inverse, reproduire des schémas autoritaires à l’âge adulte.
De l’autre côté, la carence symbolique, lorsque le père est absent ou disqualifié dans le discours maternel, crée une confusion des limites et une angoisse hors-cadre. L’enfant manque de repères structurants et peut souffrir d’une insécurité profonde, pouvant aller jusqu’à une organisation psychotique. Dans ces cas extrêmes, la Loi, n’ayant pas été intégrée de manière structurée, réapparaît sous forme de persécution, ce que Lacan qualifie de « père forclos ».
L’équilibre entre présence et distance reste donc essentiel pour offrir à l’enfant un cadre sécurisant et lui permettre de construire son autonomie sans être écrasé ou perdu dans le vide symbolique.
Constance et souplesse
La fonction paternelle est un faisceau de responsabilités : séparer sans abandonner, stimuler sans brusquer, contenir sans étouffer, transmettre sans imposer. En cette Fête des Pères, souvenons-nous : il ne s’agit pas d’être parfait, mais d’occuper cette place avec constance et souplesse.
Un père est un repère qui sert de pont vers le monde extérieur !
Bonne fête à tous les pères… et à toutes les personnes qui font fonction !
*Pour rappel, la tiercité incarne la notion de séparation structurante dans le langage psychanalytique.
Christian Delourmel, « De la fonction du père au principe paternel », Revue française de psychanalyse, vol. 77, 20131
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