AUX CONFINS DE LA CRÉDULITÉ
La crédulité naît d’un cocktail subtil entre notre héritage évolutif, nos circuits de récompense et les biais cognitifs qui nous font juger le monde.
Un système de confiance dopaminergique
Chaque fois que vous accordez votre confiance à quelqu’un — et que ça se solde par une interaction positive — votre cerveau libère de la dopamine dans le noyau accumbens, la « machine à plaisir ». Ce circuit renforce l’idée que croire aux autres est profitable. Avec le temps, il devient plus facile d’adopter le parti pris de confiance par défaut, car le circuit de récompense est déjà « habitué » à sentir du plaisir quand vous croyez ce qu’on vous dit.
L’oxytocine du lien social
Émise lors de contacts rapprochés (conversation chaleureuse, regard empathique), l’oxytocine module l’amygdale pour réduire la méfiance et augmenter la sensation de sécurité. Plus vos taux d’oxytocine sont élevés, plus vous êtes enclin à trouver honnêtes et bienveillants ceux qui vous entourent, même en l’absence de preuves solides.
Cortex préfrontal et filtration de l’information :
Le cortex préfrontal ventromédian participe à l’évaluation critique des énoncés. Lorsqu’il est moins sollicité (fatigue, stress, multitâche), son « frein » logique s’affaiblit : on accepte plus facilement des idées sans filtre. C’est pourquoi, quand on est épuisé ou débordé, on est plus enclin à faire de notre cerveau une éponge « gobe tout » qui se mue volontiers en parts de marché pour coca cola (cf citation de Patrick Le Lay ex pdg de tf1)
Neurotransmetteurs de l’humeur et vision du monde
Sérotonine :
Quand elle chute, comme dans le cas de déprime légère saisonnière, on est plus sensible aux messages anxiogènes ou manipulatoires qui promettent une solution simple.
Noradrénaline :
en mode « alerte » (stress), on adopte le premier récit qui calme l’urgence émotionnelle, quitte à ménager notre esprit critique.
Biais cognitifs : les raccourcis qui trichent
Notre cerveau est fils de la rapidité : il a cette fâcheuse tendance à vouloir griller les étapes et sauter aux conclusions. C’est ainsi que nous adhérons plus facilement aux biais de confirmation : on retient mieux l’information qui valide ce qu’on croit déjà.
Par ailleurs, plus une histoire est frappante ou récurrente, plus on la juge vraie. C’est ce qu’on appelle l’heuristique de disponibilité
Ces raccourcis fonctionnent avec très peu de données, mais peuvent nous rendre excessivement crédules face à des récits superficiels ou sensationnalistes.
Héritage évolutif
À l’échelle de la préhistoire, faire confiance au clan signifiait coopération, partage de chasse et survie collective. L’erreur « je suis trop méfiant » était sans doute plus coûteuse que l’erreur « je fais confiance à l’échange et me fais trahir occasionnellement ». Aujourd’hui, ce vieux réflexe persiste, même si notre environnement social a radicalement changé.
Pour freiner un peu notre crédulité :
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Cultiver l’esprit critique (poser systématiquement la question “Quelles sont les preuves ?”, Quelle est l’intention de la personne en face de moi ? Pour qui travaille t elle ? Y a t il des conflits d’intérêt ?)…
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Faire des pauses mentales pour recharger le cortex préfrontal.
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Varier nos sources d’information pour casser le biais de confirmation.
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Pratiquer la « désensibilisation cognitive » : confronter son cerveau, en toute sécurité, à des arguments contraires.
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